Quand on pense à Strava et Garmin, on imagine automatiquement une relation fluide : une montre ou un compteur Garmin enregistre la sortie, les données se synchronisent vers Strava, et quelques secondes plus tard, l’activité s’affiche sur la plateforme. Pour beaucoup de cyclistes, c’est un geste aussi naturel que clipser ses pédales. Mais depuis quelques semaines, un litige entre les deux géants fait trembler le monde du sport connecté. Strava accuse Garmin de violer certains brevets et dénonce de nouvelles conditions d’intégration jugées abusives. En retour, Garmin menace de couper l’accès à son API, la passerelle qui permet la synchronisation automatique entre les deux services.
L’enjeu est simple : que se passerait-il si vos activités Garmin n’étaient plus automatiquement transférées vers Strava ? Une perspective qui inquiète les cyclistes du monde entier.
Une relation autrefois fluide mise à l’épreuve
Pendant des années, Garmin et Strava ont formé un duo indissociable. Garmin fournissait les appareils montres, compteurs, GPS capables d’enregistrer chaque donnée d’une sortie. Strava, lui, offrait le côté communautaire : analyse de performance, segments, classements, kudos.
Cette collaboration s’appuyait sur une connexion technique : l’API Garmin Connect. Grâce à elle, chaque activité enregistrée sur un appareil Garmin était automatiquement envoyée vers Strava, sans aucune action nécessaire. Pour cela il suffisait depuis Garmin Connect d’autoriser les applications tiers et donc de générer la relation entre l’API Garmin et la plateforme Strava.
Mais ce partenariat de longue date s’est fissuré. En 2025, Strava a déposé plainte contre Garmin, reprochant à la marque américaine de reproduire des fonctionnalités protégées, comme les segments et les cartes de chaleur, tout en imposant de nouvelles règles d’intégration.
Origines du conflit : brevets, logo obligatoire et API menaçante
Les brevets contestés : segments et cartes de chaleur
Le cœur du litige porte sur deux innovations historiques de Strava : les segments, qui permettent de comparer ses performances avec d’autres utilisateurs sur une portion de parcours, et les heatmaps, ces cartes qui visualisent les routes les plus fréquentées par la communauté.
Strava estime que Garmin a intégré des fonctionnalités similaires dans ses propres produits et applications, sans autorisation, violant ainsi plusieurs brevets déposés il y a plusieurs années.
L’obligation du logo Garmin
Le différend s’est accentué lorsque Garmin a annoncé de nouvelles conditions d’utilisation pour son API. Désormais, chaque partenaire dont Strava devrait afficher le logo Garmin sur toutes les activités, cartes et visuels issus de ses données.
Strava s’y oppose fermement, considérant qu’il s’agit d’une forme de publicité forcée et d’une atteinte à l’expérience utilisateur. La marque rappelle que les données appartiennent avant tout à l’athlète, pas au fabricant de la montre.
Garmin a fixé la date du 1er novembre 2025 comme ultimatum : si Strava refuse de se conformer à ces règles, l’accès à l’API pourrait être suspendu. Une coupure qui mettrait fin à la synchronisation automatique des activités Garmin vers Strava.
Ce que cela pourrait signifier pour les cyclistes
Pour la communauté cycliste, une telle rupture serait loin d’être anodine.
Sans synchronisation automatique, chaque sortie enregistrée sur une montre ou un compteur Garmin ne serait plus transférée automatiquement sur Strava. Plus d’enregistrement fluide, plus de segments instantanés, plus de partages spontanés. Cette coupure viendrait casser une habitude profondément ancrée chez les sportifs. Strava, au-delà de l’analyse, est aussi une plateforme de motivation collective : comparer ses chronos, suivre ses amis, célébrer ses progrès. Sans lien direct avec Garmin, une part de cette dynamique s’éteindrait.
Heureusement, certaines solutions existent pour continuer à synchroniser ses données, même sans API active.
Alternatives manuelles pour la synchronisation : comment continuer à transférer ses activités
Si la coupure entre Garmin et Strava devait avoir lieu, voici les principales méthodes pour continuer à synchroniser ses sorties sur la plateforme de Strava et conserver vos kudos :
| Étape | Description |
|---|---|
| 1. Exporter son activité depuis Garmin Connect | Connectez-vous à votre compte Garmin Connect sur ordinateur, ouvrez une activité et cliquez sur “Exporter” pour télécharger un fichier .fit ou .gpx. |
| 2. Importer manuellement sur Strava | Rendez-vous sur Strava, section Téléverser une activité, puis importez le fichier téléchargé. L’activité apparaîtra sur votre profil une fois le transfert terminé. |
| 3. Utiliser des services intermédiaires | Des outils comme IFTTT ou Zapier peuvent, sous certaines conditions, automatiser le transfert de fichiers entre les deux plateformes, à condition que Garmin ne bloque pas complètement leur usage. |
| 4. Sauvegarder localement ses données | Pensez à conserver vos fichiers .fit pour garder une copie de votre historique, quelle que soit l’évolution du conflit. |
Quelles perspectives pour l’avenir des cyclistes connectés
Plusieurs scénarios restent possibles pour faire face à cet possible coupure de synchronisation entre Strava et Garmin.
- Scénario 1 : l’accord à l’amiable
Les deux entreprises pourraient trouver un terrain d’entente avant novembre. Ce serait la meilleure issue pour les utilisateurs, et la plus probable à moyen terme.
- Scénario 2 : la coupure temporaire
Garmin pourrait suspendre son API quelque temps, le temps d’une renégociation ou d’un jugement. Strava serait alors contraint de proposer une solution provisoire de synchronisation alternative.
- Scénario 3 : la rupture durable
Dans le pire des cas, les deux marques iraient chacune dans leur direction : Garmin renforcerait son propre écosystème, et Strava chercherait à s’allier à d’autres constructeurs comme Wahoo, Suunto ou Coros.
Quoi qu’il en soit, le débat soulève une question essentielle : à qui appartiennent réellement les données sportives ? À l’utilisateur, au fabricant de l’appareil, ou à la plateforme qui les héberge ? Le conflit entre Strava et Garmin dépasse la simple rivalité commerciale. Il pose la question de la liberté des utilisateurs et de l’interopérabilité dans l’univers du sport connecté.
